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Uvira: Floribert Bwana Chui Extraverti, meneur dans l’âme, croyant à la force de l’amitié(Témoignages)

«Floribert faisait partie de la communauté de Sant’Egidio, où il poursuivait son engagement d’amitié envers les jeunes et les enfants des rues, souvent livrés à eux-mêmes. Lorsqu’il découvrit un scandale de corruption lié à un lot de nourriture avariée destiné à être mis sur le marché, il fut profondément choqué. Il savait que cette nourriture risquait d’être consommée par les enfants de la rue, ceux-là mêmes qui n’avaient ni soutien ni protection. Et si elle était réellement dangereuse, ce sont ces enfants vulnérables qui en seraient les premières victimes. Face à cette situation, Floribert ressentit le poids immense de la tentation d’accepter un pot-de-vin. Mais il choisit, avec courage, de refuser la corruption. Il confia à ses amis qu’il subissait des pressions pour accepter une somme d’argent, mais qu’il s’y opposait fermement. Sa force venait de sa foi : il lisait la Parole de Dieu, priait régulièrement et restait fidèle aux engagements qu’il avait pris, notamment en faveur des enfants des rues et des personnes pauvres. Nous savons tous que, généralement, lorsqu’un commerçant est empêché de faire passer sa marchandise à la Grande Barrière, il perd patience et devient agressif. Mais Floribert, lui, est resté calme, fidèle à ses valeurs. Le 7 juillet, vers 12h30, alors qu’il se préparait à assister au mariage de son cousin, il s’arrêta dans une boutique pour acheter une cravate. C’est à ce moment-là qu’une voiture noire arriva. Des hommes non identifiés l’ont enlevé de force. Le lendemain, son corps sans vie fut retrouvé. Rien n’avait été volé, même pas son téléphone portable, ce qui prouvait qu’il ne s’agissait pas d’un vol, mais bien d’une exécution» témoigne la communauté de Sant’Egidio d’Uvira, par la voix de sa responsable.

Floribert Bwana Chui était également connu pour son élégance. Il savait toujours bien s’habiller et veillait à rester soigné. Il était parfois désigné par les membres de la communauté de Sant’Egidio pour représenter la RDC lors de concours organisés pendant les rencontres internationales de jeunes.

« Dans la communauté de Sant’Egidio, nous connaissions Floribert comme le grand sapeur. Lors des congrès réunissant les jeunes du Rwanda, du Burundi et de la République Démocratique du Congo, nous organisions souvent des concours pour désigner le pays dont les jeunes s’habillaient le mieux. Le représentant que nous envoyions toujours en tête, c’était Floribert. Il était toujours en cravate, avec des bretelles et une veste. Il disait en souriant : Je veux montrer que je suis un enfant du Maniema. Et il allait à ces concours avec fierté, pour nous représenter dignement» a ajouté de Madame Marie-Claire, responsable de ladite communauté dans le Diocèse d’Uvira, lors de la conférence qui s’est tenue le samedi 19 juillet dans la salle de la paroisse Notre-Dame aux Larmes de Mulongwe, en marge de cette commémoration.

Pour Monseigneur Muyengo Mulombe, évêque du diocèse d’Uvira :

« Floribert Bwana Chui Bin Kositi ne se contentait pas d’être une personne ordinaire et, de fait, il ne l’était pas. Tous s’accordaient à reconnaître ses qualités. On soulignait ses talents d’organisateur, sa vision profondément solidaire, vécue au quotidien dans un quartier marginalisé. Mais sa singularité allait bien au-delà. Il se distinguait par son intelligence vive, sa capacité à nouer des relations authentiques, son désir d’engagement et sa volonté de faire la différence.Extraverti, meneur dans l’âme, Floribert croyait fermement à la force de l’amitié. Sa foi, profonde et sincère, nourrissait chacun de ses engagements. Passionné de musique, il avait développé un réel talent pour le chant. Sa voix rayonnait d’une joie communicative. Il était tout particulièrement touché par les chants de la communauté de Sant’Egidio, notamment La résurrection pour l’Afrique, un hymne à l’espérance et à la transformation. Il le chantait avec ferveur, comme une prière, porté par la conviction que l’Évangile pouvait véritablement changer le monde : faire du désert africain un jardin, abolir les divisions, les guerres, l’esclavage et les injustices. Pour lui, la foi en Dieu constituait le socle de tout engagement, de toute tension intérieure, de toute espérance. Sa rencontre avec la communauté de Sant’Egidio fut déterminante. Il fut immédiatement séduit par la richesse simple et profonde de sa prédication : une foi vécue, concrète, loin d’un enseignement purement doctrinal. Ce qui le toucha tout particulièrement fut le premier « P » de la communauté : la prière.Doté d’un caractère ouvert et chaleureux, Floribert ne supportait pas la solitude. Il avait besoin des autres, tout comme il savait être pleinement présent pour eux» a dit Monseigneur Muyengo Mulombe.

Sifa Munyaka Angèle

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